Coup de cœur par Milvia Pandiani-Lacombe, conseillère culturelle de l’Alliance Française de Trieste.
Cette nouvelle rubrique a pour objet de vous faire partager un coup de cœur pour une manifestation, un événement culturel, et aussi de vous informer sur l’actualité de personnalités qui ont accordé un entretien à l’Alliance Française de Trieste. Entretiens que vous pouvez consulter ici.
Pour inaugurer cette nouvelle rubrique, nous vous faisons part d’un premier coup de cœur : Le Festival Pluriel.les
L’édition 2022 du Festival Pluriel.les, s’est tenue du 15 au 20 mars dernier au Cinéma Majestic de Compiègne. Quentin Delcourt, Directeur général et co-fondateur du festival avec Laurence Meunier, revient sur cette 5 ème édition, et nous explique les évolutions de cette manifestation depuis sa création.
Quelle est la particularité de ce festival créé en 2018 et quelles évolutions sont intervenues depuis sa création ?
Le Festival Pluriel.les met à l’honneur les femmes et l’inclusion dans le cinéma international contemporain, par le biais d’une compétition Internationale (longs-métrages uniquement) et d’une compétition Émergence Française (longs-métrages, courts métrages et documentaires). Nous sommes aujourd’hui le tout premier festival de cinéma français à adopter l’écriture inclusive au sein même de notre titre, ce qui n’était pas le cas en 2018 lors de sa création, car la société n’était – à notre sens – pas encore prête. Heureusement, les mentalités évoluent et le festival aussi. Chaque année, nous tentons d’innover et de diversifier notre programmation, autant au niveau du choix de films proposés (plus de quarante-cinq sur la semaine) et des conférences, tables rondes et autres manifestations entourant les projections.
Comment sont sélectionnés les films présentés en compétition ?
Tout d’abord, il y a un appel à films. Les distributeurs/distributrices, producteurs/productrices et réalisateurs/réalisatrices inscrivent leurs films les plus récents encore jamais ou très peu diffusés dans les différentes catégories d’éligibilité du festival : longs-métrages, documentaires et courts métrages. Il y a aussi des films que nous voyons en projections privées avec les distributeurs ou lors de festivals ou de conventions d’exploitation. Ces liens privilégiés avec les distributeurs permettent de voir des films très en amont et d’affiner d’emblée notre sélection. La plus difficile reste la sélection de la compétition internationale, car nous voyons beaucoup de films de pays du monde entier et il n’y a que huit places dans cette catégorie. Il y a donc des choix cornéliens à faire, et nous cherchons le plus possible à respecter la parité dans nos sélections, tout en couvrant le plus large spectre de thématiques sur l’inclusion.
Y-a-t-il plusieurs jurys qui attribuent des prix ?
Au festival Pluriel.les nous avons trois jurys différents à ce jour, soit plus de quinze membres de jury à trouver chaque année parmi les artistes engagés du cinéma francophone.
Le jury de la compétition internationale cette année était présidé par la scénariste réalisatrice et productrice Marie-Castille Mention-Schaar, et composé de l’acteur Pascal Elbé, de la chanteuse et réalisatrice Aurélie Saada, de l’acteur et réalisateur Arnaud Valois et de l’acteur Guang Huo. Le jury de la sélection Émergence Pluriel.les cette année était présidé par la scénariste, actrice et réalisatrice Andréa Bescond, et composé des acteurs Jonas Ben Ahmed, Thomas Solivéres, de l’actrice québécoise Rose-Marie Perreault, de la réalisatrice Sabrina Van Tassel et de la productrice Laurence Lascary. Ils ont la lourde tâche de juger les premiers films français, les courts métrages et les documentaires de la compétition.
Enfin, notre Jury des Partenaires cette année était présidé par Caroline Rogard (Audiens) et composé par Nicolas Colle (Ecran Total) et Cécile Picy (T’Aim Hotel). En 2023, j’espère pouvoir accueillir aussi un Jury Presse, pour la première fois.
Quels ont été les temps forts de ce festival ?
Nous avons débuté cette cinquième édition par une table ronde sur « L’avenir du cinéma français dans la France de 2022 », modérée par Pascal Rogard (Directeur général de la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques) à laquelle participaient Marie-Castille Mention-Schaar, Laurence Lascary, Richard Patry, Président de la Fédération Nationale des Cinémas français, et Aurore Bergé, députée des Yvelines, Membre de la commission culture et audiovisuel.
À quelques semaines à peine du premier tour des élections présidentielles, ce fut un moment d’échanges passionnant. De même pour la table ronde sur le thème du handicap dans le cinéma et l’audiovisuel français, ainsi que la grande table ronde sur les représentations LGBTQIA+ dans le cinéma français, modérée par l’auteur et réalisateur Kevin Elarbi, à laquelle ont participé Catherine Corsini (La Fracture, Un Amour Impossible), Elisabeth Perez (productrice), Arnaud Valois (120 battements par minute), Samuel Theis (Petite Nature), Cédric Le Gallo (La Revanche des Crevettes Pailletées) et Jonas Ben Ahmed (A Good Man).
La qualité de ces nombreux intervenants et les discussions menées sur des sujets essentiels de notre cinéma contribuent selon moi à la richesse du festival. Parmi les temps forts cinématographiques, nous avons eu la première projection mondiale du nouveau film de Laetitia Masson, Un hiver en été, ainsi que la projection (rare) du magnifique film Touchées d’Alexandra Lamy, destiné à une sortie télévision uniquement.
J’ajouterai pour finir, que voir notre premier panel de jeunes talents, composé de six acteurs et actrices émergents dans lesquels nous croyons tout particulièrement, a été pour moi un autre moment très fort du festival. Les voir toutes et tous sur le tapis rouge, solidaires et confiants m’a particulièrement plu. Surement mon côté réalisateur qui reprend le dessus dans ces moments-là, mais c’est aussi ça la beauté du cinéma.
Êtes-vous satisfait du déroulement de l’édition 2022, en termes de fréquentation du public, de la présence de personnalités, et des prix attribués ?
Franchement, oui. Après le succès de l’édition 2021, qui était vraiment une année charnière pour le festival puisque nous étions, avec le Festival du film romantique de Cabourg, le tout premier festival de cinéma à reprendre après la fermeture des salles (Covid 19), j’avais très peur de ne pas être à la hauteur. Et pourtant nous avons réussi, et les nombreux artistes qui sont venus étaient ravis.
Nous avons cette chance au festival Pluriel.les de recevoir des artistes qui se font rares d’habitude, comme Noémie Merlant, Deborah Lukumuena, Michael Hers ou Léa Drucker, mais aussi de programmer des films très populaires et familiaux.
Le public était au rendez-vous, même s’il y encore eu des répercussions de la crise sanitaire. Nous avons vraiment hâte de retrouver notre public complet et de ne plus entendre parler de ce satané virus. Cette année beaucoup de jeunes sont venus et cela nous a particulièrement fait plaisir. C’est un public que nous cherchons vraiment à consolider, car la transmission de la passion d’une projection de film en salle de cinéma est essentielle à nos yeux.
Quant aux prix, trois nouveaux ont été créés et remis par nos jurys respectifs, en plus des habituels prix d’interprétation, de mise en scène et des grands prix. C’est là une des libertés de nos jurys, qui ont jugé capital d’honorer certains films ou certains artistes.
En ce qui concerne le prix du meilleur film pour MoneyBoys, le Prix Émergence pour Olga et le Prix du Documentaire pour Marcher sur l’eau d’Aïssa Maïga, je ne pouvais qu’être des plus heureux à titre personnel car ce sont trois films que j’ai adorés et dont j’aime particulièrement les réalisateurs. Même si, bien évidemment, en qualité d’organisateurs du festival avec Laurence Meunier nous n’assistons pas aux délibérations.
Avez-vous déjà fixé les dates de l’édition 2023 et prévoyez-vous des innovations ?
Le festival aura toujours bien lieu au mois de mars 2023, mais nous sommes encore en réflexion concernant les dates exactes. Parmi les innovations pressenties, un prix du Public ainsi qu’un Jury de la Presse nous semblent intéressantes.
Nous allons aussi inclure les talents du programme « We Build Change-Cinéma » dirigé par Olivier Saby, qui sont de jeunes talents émergents engagés dans l’évolution et l’innovation du cinéma francophone, dans lesquels nous croyons beaucoup pour l’avenir de nos professions, et aussi développer un partenariat avec l’ADAMI (Administration des Droits des Artistes Musiciens Interprètes), Pictanovo (www.pictanovo.com), l’ARP (Auteurs Réalisateurs Producteurs) et le CNC (Centre national du cinéma et de l’image animée).
Pour le reste, il est encore un peu trop tôt pour dévoiler les surprises à venir.