Entretien avec Christophe Guillarmé, créateur de mode. Réalisé par Milvia Pandiani-Lacombe.
Christophe Guillarmé est un créateur de mode français qui après s’être formé auprès de grands couturiers, lance sa propre marque de prêt-à-porter de luxe. Ses créations, présentes sur les tapis rouges des plus importants festivals de cinéma, sont distribuées dans le monde entier. Il nous fait le plaisir de cet entretien pour l’Alliance Française de Trieste afin d’évoquer son parcours et parler de ses créations.
Comment est née votre passion pour la couture et quel a été votre parcours initial ?
Je suis originaire de la Côte d’Azur. Dans ma famille c’est ma grand-mère qui a exercé pendant quelque temps le métier de couturière, sinon il n’y avait pas d’intérêt particulier pour la mode. Enfant, j’adorais regarder à la télévision la montée des marches du Festival de Cannes, et je dévorais les magazines de mode. Je pense que l’envie de faire ce métier est née à ce moment-là. J’ai passé trois années à l’École Supérieure des Arts Appliqués Duperré ; le seul cursus public donc sans frais ! La sélection était drastique, et j’ai obtenu mon diplôme. Dès ma sortie de l’école en 2000 j’ai fait mes armes auprès de couturiers comme Jean-Charles de Castelbajac, Dice Kayek et Stella Cadente. J’ai alors eu l’opportunité de lancer ma propre marque, et je n’ai pas hésité.
Quelles sont vos sources d’inspiration pour vos créations ?
Dans mon processus de création, l’information et la culture sont les clés de mon inspiration. Je suis littéralement « accro » au Cinéma, notamment au cinéma Asiatique, et je me nourris également de ce qui se passe sur les tapis rouges des principaux festivals.
Qu’est-ce qui caractérise votre style ?
Mon style ultra-féminin mixe l’esprit Dolce Vita de la Riviera, ses couleurs vives, les matières et les broderies spécifiques de mon enfance, avec l’élégance et le style plus structurés de la couture Parisienne. Depuis tant d’années à la peaufiner je suis très clair avec mon esthétique.
Christophe Guillarmé et ses créations
Vos créations sont présentes notamment sur les tapis rouges du Festival de Cannes, de la Mostra del cinema di Venezia, du Festival International du Film de Marrakech, festivals qui sont des vitrines exceptionnelles pour votre notoriété, comment choisissez-vous les personnalités qui vont porter vos créations ?
Effectivement avec mes créations je participe depuis de nombreuses années aux principaux festivals de cinéma. Aujourd’hui habiller des talents pour le festival de Cannes ou celui de Venise, et les y accompagner c’est réaliser le rêve du gamin qui regardait tout cela en spectateur ! J’aime particulièrement les collaborations avec des actrices en devenir ou à un moment clé de leur parcours artistique, quand le look choisi peut contribuer à lancer ou à relancer une carrière. Je me rappelle de l’actrice réalisatrice Hafsia Herzi, débutante, que j’ai habillée pour sa participation à la Mostra de Venise ou bien Lindsay Lohan invitée au gala de l’Amfar (Fondation pour la prévention et la recherche contre le Sida) à Cannes, pour laquelle j’ai créé une réédition contemporaine du look de Grace Kelly dans le film d’Alfred Hitchcock Fenêtre sur cour… Mes collaborations avec ces talents, ces personnalités, sont avant tout des rencontres, des échanges qui se transforment souvent en amitié sur le long terme.
Les créations de Christophe Guillarmé portées par des personnalités à la 80ème Mostra del cinema di Venezia ©Thierry Marsaux
Y-a-t-il un tissu que vous aimez particulièrement travailler, une couleur préférée ?
Parmi les étoffes que j’aime travailler il y a la soie sous tous ces aspects, mais aussi le tulle, le taffetas et la mousseline … Quant aux couleurs, elles évoluent à chaque saison, mais j’ai un faible pour le rose shocking cher à Monsieur Saint-Laurent.
Les créations de Christophe Guillarmé en soie, mousseline, tulle, taffetas
Quelles sont les tendances de votre collection printemps-été 2024, que vous venez de présenter à la Fashion Week ?
Pour cette nouvelle collection j’ai été inspiré par la déesse Indienne à fleur de Lotus, Lakshmi, et aussi par l’imagerie de Bollywood : glamour, joie de vivre débridée, avec les chorégraphies iconiques de Aishwarya Rai à Deepika Padukone. Cela se traduit par des drapés en forme de fleur en 3D qui rappellent l’art du Sari et sa tradition ancestrale.
Avez-vous un souhait que vous aimeriez réaliser dans votre domaine créatif ?
J’ai du mal à le verbaliser, mais je pense que l’évolution de la mode dans le metaverse va prendre des formes insoupçonnées, et j’espère y contribuer.
Christophe Guillarmé et l’une de ses créations sur le tapis rouge de la 80ème Mostra del cinema di Venezia ©Thierry Marsaux
