Le parcours professionnel de Serge Toubiana est marqué par sa passion du 7e Art. Pendant plus de 20 ans il collabore aux cahiers du cinéma comme journaliste, rédacteur en chef, puis comme directeur de la rédaction. De 2003 à 2016 il assume les fonctions de Directeur général de la Cinémathèque française et dans ce cadre il est notamment commissaire des expositions : Renoir/Renoir, Maurice Pialat peintre et cinéaste, François Truffaut. Il a également présidé la commission d’Avance sur recettes du CNC (Centre national du cinéma et de l’image animée), et en juillet 2017 il est élu à la présidence d’Unifrance, l’organisme de promotion du cinéma français dans le monde.
A l’occasion de cet entretien Serge Toubiana nous parle de l’importance du rôle et des actions menées par Unifrance, qui fête ses 70 ans cette année.
Quelle est la mission d’Unifrance et quels sont ses modes d’action?
La mission d’Unifrance consiste à promouvoir le cinéma français partout dans le monde. Les modes d’action sont divers. Ils consistent dans l’organisation de manifestations ou de festivals de films français à New York, Berlin, Rome, Yokohama et ailleurs, en partenariat avec des institutions locales – je pense par exemple au Lincoln Center qui accueille chaque année en mars les “Rendez-vous du cinéma français à New York”, Unifrance se chargeant de faire voyager les réalisateurs, acteurs et actrices des films programmés. Il y a aussi les nombreux festivals qui, de par le monde, programment des films français, Unifrance dans ce cas, facilite les voyages des artistes français dont les films sont sélectionnés dans ces festivals. Ces actions sont organisées en étroite collaboration avec les exportateurs, les producteurs et les distributeurs de films.
Quels ont été vos objectifs pour Unifrance à votre prise de fonctions?
D’abord, comprendre le fonctionnement de cette association qui est par essence collégiale, puisque y sont représentés dans les instances de gouvernance, les producteurs de films (longs et courts métrages), les exportateurs dont le rôle est essentiel, et ceux qu’on nomme «les talents», à savoir les acteurs et actrices de cinéma.
Dans un deuxième temps, tenter de donner du sens et de la lisibilité aux actions menées par Unifrance, travailler en bonne entente avec Isabelle Giordano, qui est la Directrice générale, avec les équipes, et bien sûr le comité exécutif qui se réunit régulièrement. Mon rôle consiste également à représenter Unifrance auprès de nos tutelles, ministère de la Culture et CNC.
Le président est élu pour un mandat de deux ans, ce qui veut dire que le temps passe vite…
Combien de manifestations sont soutenues par Unifrance et dans quels pays? Quelles sont celles soutenues en Italie?
Chaque année Unifrance organise une dizaine de manifestations et soutient environ une centaine de festivals dans le monde, sur tous les continents. Elle est présente sur les principaux festivals et marchés internationaux tels que le Festival de Cannes, la Berlinale, le Toronto International Film Festival (FTIFF)…
En Italie, Unifrance participe notamment à la “Mostra del cinema”de Venise qui sélectionne à chaque édition de nombreux films français, à la “Festa del cinema” à Rome, et à d’autres festivals. Elle co-organise conjointement avec l’Institut Français et l’Ambassade de France la “Semaine du cinéma français” qui se tient à Rome en avril.
La 21e édition du Rendez-vous du cinéma français vient de se tenir à Paris, quels en ont été les temps forts et pour quel bilan?
En janvier vient de se tenir la 21e édition des Rendez-vous du cinéma français à Paris, où Unifrance avait convié environ 480 acheteurs étrangers venus participer au plus grand marché de films français organisé dans le monde, ainsi que 125 journalistes étrangers venus d’une soixantaine de pays différents, qui ont rencontré environ 125 artistes, aussi bien des réalisateurs que des acteurs et actrices.
C’est une manifestation essentielle dont le rayonnement est important pour le cinéma français. Nous en avons profité pour annoncer, à l’invitation de M. Franck Riester, ministre de la Culture, les résultats du cinéma français à l’exportation en 2018, et décerner un «French Cinema Award» à Olivier Nakache et Eric Toledano, dont les films connaissent un grand succès international (Intouchables – Quasi amici), le dernier étant Le Sens de la fête (C’est la vie – Prendila comme viene).
La 9e édition du My French Film Festival est en cours, quels sont les objectifs de cette manifestation?
MYFFF (My French Film Festival) en est effectivement à sa 9e édition, et ses résultats sont meilleurs d’année en année – 12 millions de spectateurs à travers le monde en 2018, via de nombreuses plateformes numériques partenaires.
L’enjeu est simple, il consiste à offrir à dix films français récents, et à de nombreux courts métrages, une «fenêtre» d’accessibilité sur les plateformes numériques, partout dans le monde, en Europe, en Asie et en Amérique latine, c’est-à-dire dans des zones où parfois les films français ont moins facilement accès aux salles qu’ailleurs. Les films sont sous-titrés dans plusieurs langues, un jury est convié chaque année à décerner un prix.
Il y a au sein d’Unifrance une incroyable émulation pour faire de cette manifestation une belle vitrine du cinéma français via Internet. C’est aussi le moyen d’atteindre un jeune public qui «consomme» des films ou des séries sur ces plateformes. Il ne faut surtout pas passer à côté de cette forme de diffusion du cinéma.
Comment allez-vous célébrer les 70 ans d’Unifrance?
Nous venons de concevoir un livre retraçant l’histoire d’Unifrance depuis sa création en 1949, riche en documents et textes. Il sortira au printemps.
Une exposition de photos, des colloques seront organisés, il y a aussi la création d’un logo spécifique pour rappeler cet anniversaire… C’est une date importante pour Unifrance.
NB : Serge Toubiana est également l’auteur de nombreux ouvrages. Ses dernières publications sont : “Les Fantômes du souvenir“ (Grasset-2016), “Le temps de voir“ (Le Seuil-2016), “Les Bouées jaunes“ (Stock-2018)