Depuis 2004 Sidonie Dumas dirige Gaumont, la plus ancienne société de production française. Elle a succédé à son père Nicolas Seydoux à la tête de cette entreprise dont l’histoire se confond avec celle du 7e Art. C’est une responsabilité importante et passionnante qu’elle assume avec succès.
Depuis votre enfance vous vivez avec et pour le cinéma, était-ce une évidence d’en faire votre métier?
Très étonnamment je me suis rendue pour la première fois sur un tournage de film à 19 ans. J’accompagnais mon père qui allait voir comment se déroulait le tournage du Grand Bleu de Luc Besson, en Grèce.
J’aimais le cinéma, mais je ne m’étais pas dit que j’en ferais mon métier, à l’époque je faisais du droit. En arrivant sur le plateau du Grand Bleu, j’ai découvert l’envers du décor d’un film, cela m’a infiniment plu. J’ai su à cet instant que le cinéma ferait partie de ma vie professionnelle. J’ai donc commencé par faire de nombreux stages, j’ai appris ce métier sur le tard.
Dites-nous quelles sont les principales activités de Gaumont?
Aujourd’hui Gaumont a deux activités : Le cinéma et la télévision. Nous produisons et distribuons en France et à l’international entre 12 et 15 films par an. Et généralement, nous distribuons les films que nous avons produit.
Notre «line up» (ligne éditoriale) est très éclectique.
Nous produisons des premiers films, comme celui de Guillaume Gallienne Les garçons et Guillaume à table ou Patients de Grand Corps Malade qui ont tous les deux été de grands succès, ainsi que le premier film de Franck Dubosc Tout le monde debout avec Alexandra Lamy.
Nous poursuivons notre collaboration avec les réalisateurs Eric Toledano et Olivier Nakache depuis Intouchables. Leur dernier film Le Sens de la fête avec Jean-Pierre Bacri est sorti en salles l’année dernière et a rencontré un très joli succès en France et à l’international.
Nous adaptons également des romans à l’écran, comme le très beau Au revoir la-haut de Pierre Lemaitre, remarquablement adapté par Albert Dupontel.
Nous produisons aussi des séries en France et aux Etats Unis. Trois par an sur chacun des territoires. En France, la série Glacé avec Charles Berling, a été le plus gros succès de M6 tous programmes confondus en 2017.
Aux Etats Unis, nous poursuivons notre collaboration avec Netflix, en ce qui concerne la série Narcos nous en sommes à la production de la 4e saison, et de la 3e saison de F is for Family.
Gaumont a arrêté son activité dans les salles de cinéma depuis un an, afin de se concentrer sur son activité de production et de distribution pour le cinéma et la télévision.
Vous qui avez produit le film “Intouchables” un succès exceptionnel avec plus de 19 millions d’entrées, comment sélectionnez-vous les projets quand on sait combien le spectateur d’aujourd’hui est exigeant car terriblement sollicité?
Choisir un sujet est très subjectif. Je crois à la rencontre avec un sujet, un réalisateur, une histoire, un point de vue. Qu’il soit dans l’air du temps. Rien de vraiment tangible. Une croyance forte dans un sujet et une équation entre le coût et l’artistique.
Quelle est la particularité du catalogue de Gaumont?
Sa variété, sa diversité. On y trouve tous les films de Maurice Pialat, ceux de Louis Malle, quelques films de Jean Renoir, Sacha Guitry, Jacques Becker, des films d’opéra comme Don Giovanni de Joseph Losey, ou certains chefs d’œuvre de Roberto Rossellini, Georges Lautner, Luc Besson, Claude Autant-Lara, Louis Feuillade…et tant d’autres encore!
Quelle est l’action de Gaumont dans la restauration des films de patrimoine? Quelles sont vos collaborations avec la Cineteca di Bologna?
Gaumont est une société patrimoniale, qui a toujours pris soin de son catalogue, tant en matière de conservation, que de rachat de parts de négatifs des films qu’elle avait produits.
La restauration de notre catalogue fait partie de l’ADN de Gaumont. On ne peut pas avoir plus de 120 ans d’existence et ne pas avoir une politique de restauration de films majeure. Nous investissons chaque année un montant substantiel afin que notre catalogue de films puisse être commercialisé, fasse partie de festivals pour continuer à être vu par le plus grand nombre de spectateurs.
Quant à la Cineteca de Bologne, nous collaborons étroitement avec elle. Nous y avons restauré entre autres tous les films de Jean Vigo, dont l’Atalante, mais aussi Dahina la Métisse de Jean Grémillon, Le procès des Doges de Duccio Tessari, Oublier Venise de Franco Brusati…
Quelle est la vocation de Gaumont Télévision que vous présidez? Le siège est situé à Los Angeles?
Le siège de Gaumont Télévision n’est pas à Los Angeles. Gaumont a une filiale à Los Angeles qui produit des séries pour la télévision aux Etats Unis.
Mais nous produisons pour la télévision, comme je le disais précédemment, aussi en France. Et nous venons d’ouvrir cette année une filiale en Allemagne et une autre en Angleterre qui seront aussi amenées à produire des séries pour la télévision.
Quelles sont les prochaines échéances importantes pour Gaumont?
De trouver les meilleurs sujets, tant pour la télévision que pour le cinéma, pour continuer à plaire au plus grand nombre!
En ce qui concerne les films nous allons sortir d’ici la fin de l’année Capharnaüm de Nadine Labaki qui a reçu le prix du Jury au 71e Festival de Cannes. Puis, le prochain film d’Hervé Mimran Un homme pressé avec Fabrice Luchini et Leila Bekhti. Et nous finirons 2018 avec le film de Jean-François Richet L’empereur de Paris avec Vincent Cassel, Patrick Chesnais, Olga Kutylenko, James Thiérée et Fabrice Luchini.
Une très jolie ligne éditoriale cinématographique sera proposée pour l’année 2019.
Quant à la télévision, en France sera diffusée sur France 2 la seconde saison de la série policière l’Art du Crime. Aux Etats Unis nous poursuivons notre aventure avec Narcos.
Nous avons de nombreux projets en développement aux Etats Unis en France en Allemagne et en Angleterre, qui verront le jour en 2019.
Quelles sont vos ambitions et vos souhaits pour le futur?
C’est une chance immense de faire vivre une marque comme celle de Gaumont.
Gaumont est une société qui a un passé exceptionnel, un présent dense, intense et riche. Finalement, nous nous sommes concentrés sur le fait de raconter des histoires sur des formats différents!